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Les personnes autistes n'aiment pas socialiser : vrai ou faux ?

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Message aux personnes non-autistes :    Les personnes autistes n’apprécieraient pas la compagnie des autres humains, elles préféreraient rester « enfermées dans leur bulle », selon l’expression courante. Vrai ou simple préjugé ? Allons voir cela de plus près…   Ce qui est vrai, c’est que toutes les personnes autistes ont des problèmes de communication (c’est même l’un des critères de diagnostic des TSA).    Ces problèmes de communication, tous les autistes ne les manifestent pas de la même façon :    • certains ne parlent pas du tout, même à l’âge adulte ; • certains ne parlent pas dans la petite enfance, mais ont accès au langage plus tard dans leur vie ; • certains parlent, mais avec un ton de voix « bizarre », un peu trop haut, ou avec un accent, ou d’une façon trop apprêtée, avec un vocabulaire trop soutenu ; • certains parlent « normalement » mais éprouvent quand même des difficultés à communiquer : par exemple ils ne comprennent pas certaines plaisanteries et les

V'là la maison qui brûle (Nouvelle)

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  La porte du taxi claque derrière moi, le bourdonnement du moteur s’éloigne, vite recouvert par le vrombissement d’un avion au décollage. Me voilà seule face à l’adversité. Seule sur le parking venteux de l’aéroport local, qui affiche crânement « NANTES ATLANTIQUE », en lettres gigantesques au sommet de sa façade, comme pour mieux m’impressionner. J’empoigne ma valise à roulettes et je m’élance à l’assaut du géant en béton. La tête droite, je marche à grands pas et je double quelques voyageurs, histoire de montrer ma détermination. « Tout va bien se passer... », mon frère me l’a répété une dizaine de fois au cours de ces derniers jours. Ma valise de sept kilos et demi saute et sursaute en franchissant les trottoirs. J’ai vérifié son poids une bonne douzaine de fois avant mon départ et je connais les consignes de la compagnie par cœur : moins de dix kilos, avec dimensions de 55 x 40 x 20 maximum. Mais un doute subsiste encore… Pour les 55 cm en longueur, faut-il prendre en compte la p

Tu tournes "là" !

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Hier après-midi, au retour d'une promenade estivale sur le sentier côtier, nous étions trois dans la voiture : mon fils et moi, tous les deux autistes, et mon mari, non autiste. Mon fils était au volant, non pas parce qu'il aime conduire (il déteste cela...), mais parce qu'il vient tout juste d'obtenir son permis et doit encore s'exercer avant de se sentir en confiance sur la route. En plus des TSA, mon fils et moi partageons aussi la hantise de commettre une erreur en conduisant, de nous perdre en chemin, ou d'être victimes de l'inconscience des autres automobilistes, en particulier ceux du genre "excités", qui surgissent de nulle part et vous doublent sur la droite aux rond-points.  "Tu te rappelles ? a demandé mon mari en riant et en montrant une rue sur la droite. Nous tourné la tête et avons reconnu la voie sans issue, dans laquelle mon fils s'était engouffré il y a déjà trois ou quatre mois, alors qu'il était encore en conduite a

Le questionnement : « Et si j’étais autiste, moi aussi… ? »

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  Sur le plateau de 28 Minutes , où j’étais invitée en mars dernier, la journaliste Nadia Daam rapporte les propos du Centre Ressources Autisme Île-de-France, contacté avant l’émission : le CRA se plaint de « passer son temps à recevoir des gens qui ne sont pas autistes mais qui sont persuadés de l’être, notamment parce qu’ils ont vu des choses sur internet. » Il suffirait d’un reportage à la télévision pour que leur standard explose le lendemain. « Quels conseils donneriez-vous à ces personnes qui se posent des questions... », poursuit la journaliste. J’évoque à mon tour la complexité du diagnostic de TSA (troubles du spectre de l’autisme) et les difficultés à dénicher des professionnels formés à ces troubles. Quant aux auto-tests trouvés sur Internet, il me semble évident qu’ils ne constituent pas un diagnostic, mais restent utiles en tant qu’indicateurs. Pour rappel, seul un médecin peut délivrer un diagnostic d’autisme. Un psychologue peut orienter un patient et lui fa

La santé des femmes aurait-elle moins d’importance que celle des hommes ?

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  Dans le domaine de la santé, les inégalités entre hommes et femmes semblent avoir toujours existé. Certaines maladies (cardio-vasculaires en particulier), censées ne concerner que les hommes, restent encore de nos jours sous-diagnostiquées. À symptômes équivalents, traitements différents ! Depuis l’antiquité, le corps des femmes a été dévalorisé, perçu comme une « dérivation du corps masculin » (SALLE Murielle et VIDAL Catherine, Femmes et santé, encore une affaire d’hommes , Belin, 2017). Plus petit et plus « fragile », on l’a longtemps considéré inférieur à celui d’un homme. D’autres préjugés ont poursuivi les femmes à travers les siècles. Par exemple, les médecins avaient tendance à conclure rapidement qu’une femme souffrait des « nerfs », alors qu'ils recherchaient plutôt des pathologies chez un homme présentant des symptômes identiques. Quant à l’appétit sexuel chez une femme, il s’agissait forcément d’une maladie nerveuse qu’il convenait de soigner... Aux 18e

18 juin, journée de la fierté autistique : fier d’être autiste, c’est possible ?

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  E n 2005, le collectif anglais « Aspies For Freedom » a lancé une initiative en vue d’informer le grand public sur la neurodiversité. Cette communauté revendiquait le droit à la différence et au respect , en opposition à certaines associations qui prônaient plutôt des traitements pour rendre « normales » les personnes autistes. Chaque année d epuis cette date , la journée du 18 juin est l’occasion de célébrer la « fierté autistique », en particulier dans les pays anglo-saxons. Alors, que penser de cette initiative et de la fierté d’être autiste… ? Rappel : c’est quoi l’autisme ? L’ autisme n’est pas une maladie, mais une différence neurologique présente dès la naissance. Laurent Mottron, spécialiste de l’autisme, évoque « une organisation cérébrale différente ». Grâce à l’imagerie cérébrale, on voit maintenant comment des mutations sur certains gènes affectent le développement du cerveau et du système nerveux. On utilise donc le terme « neurotypique » pour d

L'autisme : une différence ou un handicap ?

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  Récemment, une personne m’a fait remarquer un manque de clarté dans mes propos : le 2 avril dernier sur France Culture, j’ai dit qu’il fallait «  accepter l’autisme comme une différence  », alors que j’ai parlé plus tard d’un « handicap » dans d’autres interviews. Cette personne souhaitant de ma part des explications, voici les raisons pour lesquelles je m’autorise à parler à la fois d’une différence et d’un handicap, l’un n’excluant pas l’autre à mon avis. Une différence ? Dans un article paru en avril 2012 ( Cerveau et Psycho, n° 51 ), le professeur Laurent Mottron, spécialiste de l’autisme, évoque « une organisation cérébrale différente » qui conduit à « un mode de pensée spécifique ». Selon lui, il serait temps que la communauté scientifique accepte l’autisme comme une différence plutôt qu’une maladie ou un trouble, car le cerveau des personnes autistes n’est pas désorganisé mais traite les informations et vit les émotions « autrement ». Il mentionne auss