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Affichage des articles du juin, 2022

Le questionnement : « Et si j’étais autiste, moi aussi… ? »

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  Sur le plateau de 28 Minutes , où j’étais invitée en mars dernier, la journaliste Nadia Daam rapporte les propos du Centre Ressources Autisme Île-de-France, contacté avant l’émission : le CRA se plaint de « passer son temps à recevoir des gens qui ne sont pas autistes mais qui sont persuadés de l’être, notamment parce qu’ils ont vu des choses sur internet. » Il suffirait d’un reportage à la télévision pour que leur standard explose le lendemain. « Quels conseils donneriez-vous à ces personnes qui se posent des questions... », poursuit la journaliste. J’évoque à mon tour la complexité du diagnostic de TSA (troubles du spectre de l’autisme) et les difficultés à dénicher des professionnels formés à ces troubles. Quant aux auto-tests trouvés sur Internet, il me semble évident qu’ils ne constituent pas un diagnostic, mais restent utiles en tant qu’indicateurs. Pour rappel, seul un médecin peut délivrer un diagnostic d’autisme. Un psychologue peut orienter un patient et lui fa

La santé des femmes aurait-elle moins d’importance que celle des hommes ?

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  Dans le domaine de la santé, les inégalités entre hommes et femmes semblent avoir toujours existé. Certaines maladies (cardio-vasculaires en particulier), censées ne concerner que les hommes, restent encore de nos jours sous-diagnostiquées. À symptômes équivalents, traitements différents ! Depuis l’antiquité, le corps des femmes a été dévalorisé, perçu comme une « dérivation du corps masculin » (SALLE Murielle et VIDAL Catherine, Femmes et santé, encore une affaire d’hommes , Belin, 2017). Plus petit et plus « fragile », on l’a longtemps considéré inférieur à celui d’un homme. D’autres préjugés ont poursuivi les femmes à travers les siècles. Par exemple, les médecins avaient tendance à conclure rapidement qu’une femme souffrait des « nerfs », alors qu'ils recherchaient plutôt des pathologies chez un homme présentant des symptômes identiques. Quant à l’appétit sexuel chez une femme, il s’agissait forcément d’une maladie nerveuse qu’il convenait de soigner... Aux 18e

18 juin, journée de la fierté autistique : fier d’être autiste, c’est possible ?

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  E n 2005, le collectif anglais « Aspies For Freedom » a lancé une initiative en vue d’informer le grand public sur la neurodiversité. Cette communauté revendiquait le droit à la différence et au respect , en opposition à certaines associations qui prônaient plutôt des traitements pour rendre « normales » les personnes autistes. Chaque année d epuis cette date , la journée du 18 juin est l’occasion de célébrer la « fierté autistique », en particulier dans les pays anglo-saxons. Alors, que penser de cette initiative et de la fierté d’être autiste… ? Rappel : c’est quoi l’autisme ? L’ autisme n’est pas une maladie, mais une différence neurologique présente dès la naissance. Laurent Mottron, spécialiste de l’autisme, évoque « une organisation cérébrale différente ». Grâce à l’imagerie cérébrale, on voit maintenant comment des mutations sur certains gènes affectent le développement du cerveau et du système nerveux. On utilise donc le terme « neurotypique » pour d

L'autisme : une différence ou un handicap ?

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  Récemment, une personne m’a fait remarquer un manque de clarté dans mes propos : le 2 avril dernier sur France Culture, j’ai dit qu’il fallait «  accepter l’autisme comme une différence  », alors que j’ai parlé plus tard d’un « handicap » dans d’autres interviews. Cette personne souhaitant de ma part des explications, voici les raisons pour lesquelles je m’autorise à parler à la fois d’une différence et d’un handicap, l’un n’excluant pas l’autre à mon avis. Une différence ? Dans un article paru en avril 2012 ( Cerveau et Psycho, n° 51 ), le professeur Laurent Mottron, spécialiste de l’autisme, évoque « une organisation cérébrale différente » qui conduit à « un mode de pensée spécifique ». Selon lui, il serait temps que la communauté scientifique accepte l’autisme comme une différence plutôt qu’une maladie ou un trouble, car le cerveau des personnes autistes n’est pas désorganisé mais traite les informations et vit les émotions « autrement ». Il mentionne auss

Le diagnostic de TSA : un feu d'artifice émotionnel

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  Imaginez, un court instant, la scène suivante : vous êtes assis(e) face à un psychiatre aux cheveux grisonnants, décoiffés, dans un cadre tout autant désordonné, comprenant une multitude de dossiers et de livres enchevêtrés sur le bureau et sur les étagères. Le vieil homme est en train de parcourir les comptes-rendus des bilans qu’il vous avait prescrits, quand soudain il ôte ses lunettes, se redresse et fixe son regard vers vous avant de lancer brutalement : « Eh bien..., au moins c’est clair, syndrome d’Asperger ! » Première réaction : le soulagement  Avant d’aller plus loin, je demande à ceux que le terme « Asperger » excède de bien vouloir me pardonner. Je sais que beaucoup s’offusquent de son utilisation, alors qu’il est censé avoir disparu des manuels (DSM5 et CIM11) et je reviendrai sur cette polémique autour de la terminologie dans un prochain article. Pour le moment, contentons-nous d’utiliser le terme revendiqué par un vieux psychiatre aguerri, qui rédige encore ses notes